Julien ÉLIE
2008-06-17 18:02:47 UTC
Bonjour,
Pour le plaisir, je vais citer le chapitre 48 du Dào dé Jīng, chapitre préféré
de mon père parmi tous ceux de ce Livre de la Voie et de la Vertu, dans la
traduction de François Houang et de Pierre Leyris, sa traduction préférée.
為學日益
為道日損
損之又損
以至于無為
無為而無不為
取天下常以無事
及其有事
不足以取天下
Apprendre, c’est de jour en jour s’accroître
Suivre la Voie, de jour en jour décroître
Décroître encore décroître
Jusqu’au non-faire
Par le non-faire, rien qui ne se puisse faire
Tout abdiquer, c’est gagner l’univers
Viser à une fin
C’est être impropre à gagner l’univers
Papa en avait déjà parlé sur ce forum mais il n'avait pas eu le temps de
détailler. Je vais tenter en quelques phrases de le faire, en espérant
ne pas trop déformer ce qu'il aurait dit...
Le Sage taoïste se guérit de la maladie du savoir. Savoir que l’on ne peut savoir,
c’est bien. Apprendre à désapprendre, c’est mieux. Faire le non-faire,
dire le non-dire, savourer le sans-saveur et désirer le non-désir, c’est le summum.
Le Sage magnifie le minime et attribue nombre au peu ; le Sage ne s’efforce point
de faire grand : il fait grand par là même et tout s’aplanit devant ses pas (ch. 63).
Cela doit assurément toujours aller dans le sens de la création et s’accorder
avec les lois de la nature, sans jamais s’y opposer ni les forcer. Si l’on fait
ce qu’il faut, la terre nous protège ; si l’on reste en « quiétude suprême »,
le ciel nous protège. Celui qui connaît la Voie n’est pas savant ; celui qui
est savant ne la connaît pas. Le Sage taoïste estime le fruit et laisse la fleur.
Le naturel est simple ; c’est l’artificiel qui est compliqué. Qui aspire
à revenir au naturel doit tous les jours s’alléger. Le détachement est
la mesure du progrès dans la Voie. L’allègement a quelque chose de céleste,
comme l’accumulation a quelque chose de terrestre. La fréquentation du Mystère
amène à s’alléger de tout ce qui s’oppose à une avancée dans ce Mystère :
le grand obstacle à l’Illumination, ce sont les connaissances : processus
infini et aussi indéfini, c’est la visée qui n’aboutit jamais. À l’inverse,
pratiquer le Dao, c’est entrer dans un processus de désappropriation,
de diminution. Cela vers le non-faire, et par là on se rend de jour en
jour plus efficace puisque l’efficacité est située du côté du non-faire :
le Sage est vertueusement désoccupé.
La Voie dans le Dao De Jing est la Voie du Ciel. Il n’est donné à personne
de la définir, il n’est donné à personne de la décrire, mais on peut la pressentir
et on peut, grâce à l’illumination, en être investi. Et lorsque la Voie paraît,
ce n’est plus la Voie elle-même ; c’est sa Vertu qui paraît. Ainsi de Dieu
Lui-même que personne n’a jamais vu, mais dont l’œuvre paraît. Saisir le
mouvement naturel au-delà même de Ciel-et-Terre, qui en est la première
expression, n’est pas possible ; en revanche, se laisser faire par le mouvement
de Ciel-et-Terre, en l’épousant de l’intérieur, cela est possible.
C’est le non-faire, le non-agir, le non-désir.
Le premier chapitre du Dao De Jing, toujours d'après la traduction de
François Houang et de Pierre Leyris relate ceci : « La voie qui peut s’énoncer
n’est pas la Voie ; le nom qui peut la nommer n’est pas le Nom. Elle n’a pas de nom :
Ciel-et-Terre en procède. Elle a un nom : Mère-de-toutes-choses. Sans désir,
nous contemplons leurs secrètes merveilles. Le désir ne nous fait voir que leurs
aspects manifestes. Deux noms issus de l’Un, ce deux-un est mystère, mystère
des mystères, porte de toute merveille. »
Pour le plaisir, je vais citer le chapitre 48 du Dào dé Jīng, chapitre préféré
de mon père parmi tous ceux de ce Livre de la Voie et de la Vertu, dans la
traduction de François Houang et de Pierre Leyris, sa traduction préférée.
為學日益
為道日損
損之又損
以至于無為
無為而無不為
取天下常以無事
及其有事
不足以取天下
Apprendre, c’est de jour en jour s’accroître
Suivre la Voie, de jour en jour décroître
Décroître encore décroître
Jusqu’au non-faire
Par le non-faire, rien qui ne se puisse faire
Tout abdiquer, c’est gagner l’univers
Viser à une fin
C’est être impropre à gagner l’univers
Papa en avait déjà parlé sur ce forum mais il n'avait pas eu le temps de
détailler. Je vais tenter en quelques phrases de le faire, en espérant
ne pas trop déformer ce qu'il aurait dit...
Le Sage taoïste se guérit de la maladie du savoir. Savoir que l’on ne peut savoir,
c’est bien. Apprendre à désapprendre, c’est mieux. Faire le non-faire,
dire le non-dire, savourer le sans-saveur et désirer le non-désir, c’est le summum.
Le Sage magnifie le minime et attribue nombre au peu ; le Sage ne s’efforce point
de faire grand : il fait grand par là même et tout s’aplanit devant ses pas (ch. 63).
Cela doit assurément toujours aller dans le sens de la création et s’accorder
avec les lois de la nature, sans jamais s’y opposer ni les forcer. Si l’on fait
ce qu’il faut, la terre nous protège ; si l’on reste en « quiétude suprême »,
le ciel nous protège. Celui qui connaît la Voie n’est pas savant ; celui qui
est savant ne la connaît pas. Le Sage taoïste estime le fruit et laisse la fleur.
Le naturel est simple ; c’est l’artificiel qui est compliqué. Qui aspire
à revenir au naturel doit tous les jours s’alléger. Le détachement est
la mesure du progrès dans la Voie. L’allègement a quelque chose de céleste,
comme l’accumulation a quelque chose de terrestre. La fréquentation du Mystère
amène à s’alléger de tout ce qui s’oppose à une avancée dans ce Mystère :
le grand obstacle à l’Illumination, ce sont les connaissances : processus
infini et aussi indéfini, c’est la visée qui n’aboutit jamais. À l’inverse,
pratiquer le Dao, c’est entrer dans un processus de désappropriation,
de diminution. Cela vers le non-faire, et par là on se rend de jour en
jour plus efficace puisque l’efficacité est située du côté du non-faire :
le Sage est vertueusement désoccupé.
La Voie dans le Dao De Jing est la Voie du Ciel. Il n’est donné à personne
de la définir, il n’est donné à personne de la décrire, mais on peut la pressentir
et on peut, grâce à l’illumination, en être investi. Et lorsque la Voie paraît,
ce n’est plus la Voie elle-même ; c’est sa Vertu qui paraît. Ainsi de Dieu
Lui-même que personne n’a jamais vu, mais dont l’œuvre paraît. Saisir le
mouvement naturel au-delà même de Ciel-et-Terre, qui en est la première
expression, n’est pas possible ; en revanche, se laisser faire par le mouvement
de Ciel-et-Terre, en l’épousant de l’intérieur, cela est possible.
C’est le non-faire, le non-agir, le non-désir.
Le premier chapitre du Dao De Jing, toujours d'après la traduction de
François Houang et de Pierre Leyris relate ceci : « La voie qui peut s’énoncer
n’est pas la Voie ; le nom qui peut la nommer n’est pas le Nom. Elle n’a pas de nom :
Ciel-et-Terre en procède. Elle a un nom : Mère-de-toutes-choses. Sans désir,
nous contemplons leurs secrètes merveilles. Le désir ne nous fait voir que leurs
aspects manifestes. Deux noms issus de l’Un, ce deux-un est mystère, mystère
des mystères, porte de toute merveille. »
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Julien ÉLIE
« Mon père, ce héros au sourire si doux. » (Victor Hugo)
Julien ÉLIE
« Mon père, ce héros au sourire si doux. » (Victor Hugo)